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Ruée vers le chocolat : les cours mondiaux du cacao explosent, le prix du chocolat va augmenter

Vous en avez sûrement entendu parler, nous assistons ces derniers mois à une hausse sans précédent du cours international du cacao. Celui-ci enchaîne les records historiques et il semblerait que sa course ne s’arrête pas là. Nous allons modestement tenter de vous décrypter les enjeux autour de cette situation exceptionnelle et ses impacts sur le prix du chocolat.

 


 

 


Chaud cacao : le cours du cacao s’envole toujours plus haut

Pourquoi parle-t-on du cours du cacao et quels sont les impacts sur le prix du chocolat ? Comme de nombreuses matières premières, le prix du cacao et donc du chocolat est indexé sur celui du cours boursier. Il s’agit du prix auquel les fèves de cacao sont échangées sur les marchés internationaux. Ce prix est déterminé par l’offre et la demande mondiale de cacao. Il est impacté par divers facteurs économiques, sociaux et environnementaux mais aussi par les phénomènes de spéculation sur les marchés financiers.

À noter Le cacao d'origine africaine s'échange sur la base du cours de la Bourse de Londres et le cacao d'Amérique Latine sur la base du cours de la Bourse de New York.

graphique du cours de cacao de la bourse de New York en augmentation

Le dernier record historique remontait à 1977 avec un cours s’élevant à 5 300$/tonne. Il a été battu en février 2024. À peine deux mois plus tard, et défiant toutes les projections, le cours du cacao est deux fois plus élevé et s’élève à 10 600$/tonne (15 avril 2024). La semaine suivante, il atteint 11 479$. En un an, le prix du cacao a connu une augmentation de 268%.

Nous assistons donc à une situation absolument exceptionnelle et jamais vue dans l’histoire du chocolat.

 


Pourquoi les prix du cacao augmentent-ils autant ?

 

Différents facteurs peuvent expliquer la hausse spectaculaire du cours du cacao : un déséquilibre entre offre et demande, une baisse des stocks mondiaux et par conséquent, une tendance spéculative, exagérant le phénomène.

Alors pourquoi ce déséquilibre entre l’offre et la demande ? La demande en cacao et chocolat qui provient essentiellement de l’Europe et de l’Amérique du Nord, est relativement stable, voire en légère progression. Or, depuis quelques années, la production de cacao est en baisse et devient inférieure à la demande (consommation de cacao/chocolat), entraînant une 3ème année consécutive de déficit. En cette année 2024, cet écart entre offre et demande devrait atteindre un volume de 423 000 tonnes de cacao (soit environ 8% de la production mondiale habituelle). Il semblerait donc qu’il n’y en aura pas pour tout le monde !

Ce déficit de matières premières était jusqu’à présent compensé par les stocks existants. Cependant, cette 3ème année de déficit conduit à une baisse significative des stocks mondiaux. Ces stocks sont nécessaires au bon fonctionnement de la production dans l’industrie chocolatière. Et c’est cette baisse de stocks qui a tendance à affoler les marchés financiers.


Pourquoi la production mondiale de cacao est-elle en baisse?

 

Les années de mauvaises récoltes s’enchaînent et de manière plus significative celles de la campagne 2023/2024 (une campagne s’étend du 1er octobre au 30 septembre de l’année suivante). La Côte d’Ivoire et le Ghana représentent environ 60% de la production mondiale de cacao. Or, on estime une baisse des récoltes de -20% en Côte d’Ivoire et de -30% au Ghana.

En effet, le phénomène El Niño (toujours en cours) couplé au réchauffement climatique a eu des répercussions importantes sur l’Afrique. En juillet 2023, la Côte d’Ivoire a subi de très fortes pluies. Dans certaines régions, les précipitations enregistrées depuis début 2023 étaient supérieures à la moyenne de ces 30 dernières années. Ces pluies ont provoqué la chute des fleurs à peine formées et un fort développement des maladies fongiques comme la moniliose ou la pourriture brune. Il est important de noter que dans certaines zones, les plantations étaient déjà fragilisées depuis plusieurs années par une maladie virale, le swollen shoot (une maladie très contagieuse transmises par les cochenilles farineuses).

À cela, s’est ajoutée une longue période de sécheresse. Or, le cacaoyer a besoin d’eau pour son développement et celui de ses fruits. Rappelons que dans la plupart des pays producteurs, la culture de cacao s’est construite sur front pionnier : les forêts (souvent déjà dégradées par d’autres industries) sont coupées pour installer de nouvelles cultures. Cette agriculture sur abattis-brûlis qui a tendance à dégrader les sols est une forme d’agriculture extensive. Une fois que le sol est trop dégradé et impacte négativement les rendements, on vient installer la culture sur un nouveau terrain défriché et ainsi de suite. La culture du cacao se réalise donc majoritairement en monoculture et sans ombrage, rendant les cacaoyers encore plus vulnérables face à la sécheresse et aux attaques de maladies.

L’effet combiné de ce mode de culture, des maladies et des conditions climatiques a donc gravement affecté les récoltes de cacao pour la campagne 2023/2024.

 


 

Est-ce que le cours du cacao va continuer de monter ou va finir par baisser ?

 

L’écosystème économique et financier autour du cacao est complexe et c’est pour cette raison que personne n’est, aujourd’hui, en mesure de prédire si le cours du cacao va continuer d’augmenter, se stabiliser à ce niveau ou baisser et se stabiliser à un niveau plus élevé qu’auparavant.

Cela va dépendre de la production de cacao et donc des conditions météorologiques. Or, dans de nombreux pays producteurs en Afrique de l’Ouest ou en Amérique du Sud, les températures sont anormalement élevées. Après des mois de février et mars particulièrement chauds, la partie nord du continent africain a subi des vagues de chaleur record.

Si les conditions de vie humaines sont très détériorées, elles le sont aussi pour les arbres qui endurent des stress hydriques importants, impactant leur capacité productive. Il est donc probable que cette situation perdure encore dans les mois à venir. S’il est encore trop tôt pour dessiner une tendance pour les récoltes de la campagne 2024/2025, les conditions climatiques actuelles ne sont pas encourageantes.

Cependant, face à la montée des prix du chocolat, il est fort prévisible que les volumes de vente baissent de manière significative. Suite à cette baisse de la demande, un rééquilibrage du marché devrait probablement s’effectuer. Seul l’avenir nous le dira…

 


Est-ce que cette situation d’augmentation du cours du cacao est profitable pour les producteurs ?

De manière générale, les producteurs de matières premières dont le prix est indexé sur le cours boursier sont dépendants de la volatilité des prix. Ils sont rémunérés en fonction des cours mondiaux, soumis aux effets de spéculation et sont exposés à des variations indépendantes de leurs réalités agricoles. En effet, les producteurs étant dans des pays très différents et parfois très éloignés les uns des autres, ils ne partagent donc pas le même contexte économique, politique ou climatique.

Cours boursier vs prix payé au producteur Le cours boursier ne représente pas le prix reçu par le producteur pour son cacao. Le cours correspond au prix auquel le cacao est échangé au niveau international par les exportateurs, grossistes et traders. Par conséquent, la situation pour les producteurs est très variable et dépend de la structuration de la filière dans chacun des pays.

 

Les producteurs de la Côte d’Ivoire et du Ghana ne profitent pas de la hausse des prix

 

En Côte d’Ivoire et au Ghana, principaux producteurs mondiaux de cacao, les prix sont administrés, c’est-à-dire qu’ils sont régulés pour protéger les planteurs de cacao et l’économie du pays. Le cacao représente 14% du PIB national et  fournirait un revenu à 20% de la population ivoirienne. Pour éviter aux producteurs de subir les fluctuations des cours mondiaux, un fond a été créé pour les absorber et offrir aux producteurs un prix stable sur l’année. Chaque année, un prix d’achat plancher est fixé le 1er octobre pour toute la durée de la campagne. Les intermédiaires doivent respecter au minimum ce prix quand ils achètent le cacao « bord champ » aux producteurs.

En Côte d’Ivoire, le prix plancher était fixé en début de campagne 2023/2024 à 1000 francs CFA le kilo (1,52€ le kilo soit 1520€/tonne). Face à la flambée des cours et aux revendications des syndicats, les autorités ont été contraintes de revoir à la hausse le prix et de le monter à 1500 francs CFA (2,30€ le kilo soit 2300€/tonne), à partir du 02 avril 2024.

Alors que le cours du cacao s’élève au-dessus des 10 000$/tonne (9400€/tonne), les producteurs de cacao ivoiriens ne profitent pas actuellement de cette hausse. D’autant plus que, comme nous l’avons vu précédemment, même s’ils bénéficient d’un meilleur prix qu’en début de campagne, leurs récoltes ont considérablement baissé. Cette hausse de prix est bien insuffisante pour compenser la baisse de volume actuelle. Les familles de producteurs ivoiriens comme ghanéens vivent des jours très compliqués.

Même dans ce contexte de hausse du prix de la matière première, le commerce équitable demeure indispensable pour soutenir les producteurs.

Les producteurs en Amérique du Sud bénéficient de la hausse du cours

 

Dans les pays sud-américains, les marchés sont libéralisés. Les producteurs sont plus attentifs et dans ce contexte de manque d’offre, les augmentations sont mieux répercutées sur les prix d’achat.

À titre d’exemple, en Équateur, les prix d’achat aux producteurs sont quasiment équivalents en ce moment au cours de la bourse.

 

 


 

Comment les coopératives de producteurs font-elles face à cette hausse des cours du cacao ?

 

La situation actuelle est particulièrement compliquée pour les coopératives. Face à l’envolée spectaculaire des cours, les coopératives doivent avoir la trésorerie nécessaire pour pouvoir acheter le cacao à ses producteurs membres. Or, les fèves de cacao s’achetant à un prix 3 à 4 fois plus élevé qu’auparavant, les besoins en liquidités sont particulièrement conséquents.

De plus, le manque de matière première sur le marché rend les pratiques d’achat des intermédiaires locaux plus agressives. Il est donc difficile pour les coopératives, qui supportent les frais de certification, de traçabilité, les projets de développement, etc, de rester compétitives et de continuer à s’approvisionner en cacao.

Cette situation pourrait mettre de nombreuses coopératives en péril. C’est pour cette raison qu’un accompagnement des acteurs du chocolat est plus que primordial.

 


Hausse du cours du cacao et climat : quelle est la situation dans les filières Kaoka ?

Chez Kaoka, nous avons fait le choix de travailler avec un nombre limité d’origines. Nous avons estimé que pour construire des filières équitables durables, cela nécessitait un niveau d’implication élevé en temps humain et en ressources financières. Chez Kaoka, nous avons donc décidé de privilégier la qualité à la quantité d’origines proposées. Ainsi, nous pouvons répondre avec des projets dédiés à chacune des problématiques présentes dans nos filières (vieillissement des plantations, manque de fertilité des sols, etc)

Pour vous proposer des cacaos de haute qualité, nous avons des exigences élevées et en contrepartie, nous apportons des garanties très fortes aux organisations de producteurs:

  • 100% des récoltes achetées chaque année pour leur assurer un débouché pérenne
  • à un prix supérieur à celui du marché
  • 100% des achats préfinancés à la coopérative.

Malgré la hausse spectaculaire des cours, nous maintenons nos engagements auprès des coopératives.

Kaoka préfinance 100% des récoltes de cacao pour soutenir ses organisations de producteurs partenaires.

 

Qu’est-ce que cela implique ? Jusqu’à peu, alors que le cours était relativement stable, Kaoka était en mesure de planifier le développement de ses filières en fonction de ses débouchés commerciaux. Depuis quelques mois, les prix d’achat du cacao de nos filières ont considérablement augmenté et même si nous observons une baisse des volumes de production, les besoins en trésorerie pour assurer le préfinancement des récoltes sont de plus en plus conséquents.

 

Dans notre filière en Équateur : une production de cacao impactée par El Niño et une concurrence agressive

Suite au phénomène El Niño, l’Équateur qui partage sa côte ouest avec le Pacifique, a subi de fortes pluies, affectant ses récoltes. Les pratiques d’achat des intermédiaires sont très agressives et suivent de manière quasi instantanée les cours du cacao. L’extrême volatilité du cours sur une même journée complexifie les conditions d’achat de notre coopérative partenaire. En effet, sur une même journée, le cours peut varier de 1000$, ce qui est très conséquent. Comme pour chaque problématique rencontrée, nous avons échangé avec notre coopérative partenaire pour trouver des solutions et lui fournir les outils nécessaires pour lui permettre d’être réactive et compétitive face aux intermédiaires locaux.

Grâce à cet appui, les producteurs vont pouvoir bénéficier des meilleurs prix et nous allons permettre à notre coopérative partenaire de traverser cette période inédite. Du côté de Kaoka, nous allons pouvoir continuer à nous fournir en cacao équatorien pour fabriquer tous nos chocolats origine Équateur.

Dans notre filière au Pérou : une récolte qui s’annonce bonne

Notre filière au Pérou, se situant dans la région amazonienne, de l’autre côté de la Cordillère des Andes, a moins été impactée par El Niño. Il est tout de même important de noter que les producteurs de notre coopérative péruvienne ont connu de très fortes chaleurs ces dernières mois, accompagnées d’un manque de pluie inhabituel. Nous observons une récurrence de fortes périodes de sécheresse en Amazonie. Le manque de pluies pourrait à terme impacter négativement les récoltes de cacao.

Dans notre filière à São Tomé : la saison n’a pas encore commencé

Comme l’Afrique de l’Ouest, São Tomé qui se situe au large du Gabon, subit de très fortes chaleurs. Si la petite récolte s’est révélée satisfaisante, il est encore trop tôt pour se prononcer sur la grande récolte (qui s’étend d’octobre à décembre comme en Côte d’Ivoire).

 


L’augmentation du cours : une opportunité pour les partenaires producteurs de Kaoka

 

Travaillant au plus proche des coopératives, les producteurs partenaires de Kaoka bénéficient positivement de cette hausse du cours. Grâce à ce surplus, ils vont pouvoir investir plus largement dans la redensification de leurs plantations (planter plus de cacaoyers dans les espaces vides) et dans la rénovation de leurs plantations (greffage de leurs arbres vieillissant devenus improductifs). Avec cette hausse, la culture du cacao devient pour eux encore plus attractive.

Nous les encourageons à se préparer au mieux aux éventuelles et futures vagues de chaleur, notamment grâce à l’agroforesterie.

Dans les filières Kaoka, nous soutenons une agriculture paysanne, fructueuse et rémunératrice, basée sur des méthodes durables et efficaces. Depuis environ 20 ans, nous avons mené de larges programmes de rénovation et de formation pour permettre aux producteurs d’améliorer leurs récoltes et donc leurs revenus. 

 


Est-ce que les chocolatiers et autres fabricants vont avoir des difficultés à s’approvisionner en cacao et chocolat ?

Comme nous l’avons mentionné précédemment, le déficit de matière risque de s’élever à 423 000 t de cacao et les stocks sont de plus en plus bas. Il est donc logique de penser que certains acteurs ne vont pas pouvoir s’approvisionner normalement ou qu’ils ne vont pas pouvoir/vouloir s’approvisionner car le coût de la matière première est trop élevé.

Autre point à relever : à la fin de cette année 2024, le règlement européen contre la déforestation importée doit être mis en application. Les acteurs devant prouver le caractère non-déforestant de leur marchandise, cette nouvelle contrainte règlementaire pourrait freiner certaines importations vers l’Union européenne.

 


Prix du chocolat : augmentations et variations entre les marques

Pourquoi les prix du chocolat n’ont pas encore augmenté ? Est-ce que le prix du chocolat va bientôt augmenter ?

Depuis quelques mois, vous entendez parler des augmentations spectaculaires du cours du cacao mais vous n’observez pas d’augmentations dans les magasins. Le chocolat est un produit transformé qui nécessite un certain nombre d’étapes depuis la matière brute. Entre la récolte, la transformation post-récolte (fermentation et séchage), l’exportation, la mise en stock, la transformation, la fabrication du chocolat puis la mise en rayon, il se passe plusieurs mois.

 

 

Si la hausse du prix du chocolat semble inévitable, différents critères et pratiques peuvent expliquer les décalages dans le temps des ajustements de prix effectués par les marques.

 

 

DES NIVEAUX DE STOCK EN MATIÈRES PREMIÈRES ET EN PRODUITS FINIS VARIABLES

 

Les chocolats qui étaient jusqu’à aujourd’hui dans les rayons des magasins sont des produits qui ont été fabriqués avec du cacao généralement acheté sur la base du cours avant les hausses (soit aux alentours de 2 000$/tonne). Or, les stocks de matières premières et de produits finis vont commencer à être épuisés dans les prochains mois. Les chocolats qui vont arriver prochainement sur le marché seront fabriqués avec des ingrédients dont le coût a augmenté en moyenne de 143% depuis octobre 2023. Les entreprises du secteur du chocolat vont finir par être obligées de répercuter l’augmentation des coûts pour maintenir leur modèle économique.

 

LES MÉCANISMES DE COUVERTURE : RECULER POUR MIEUX SAUTER ?

 

Certains acteurs, pour se protéger des fluctuations boursières, signent des contrats à terme avec un prix fixe pour leurs approvisionnements. Cela signifie qu’ils s’engagent à acheter sur une durée déterminée un volume défini à un prix fixé. Si la bourse fluctue à la baisse, ils sont « perdants » : ils achètent une matière première à un prix plus élevé que celui du marché. Si elle fluctue à la hausse, ils sont « gagnants » : ils achètent une matière première à un prix moins élevé que celui du marché. En général, ces contrats s’étendent de quelques mois à un an. Ceux qui se sont couverts pour un an vont pouvoir « tenir » plus longtemps que les autres acteurs qui ne se couvrent pas ou sur une période plus réduite.

Ces acteurs qui sont couverts pour l’année 2024 espèrent que le niveau du cours revienne à la « normale » d’ici septembre (début de période pour les définitions budgétaires). C’est un pari risqué car si le cours se maintient à ce niveau, la hausse qu’ils devront appliquer sera bien plus considérable.

Ce système aux allures de Monopoly risque de pénaliser de nombreuses entreprises, notamment celles qui ont des engagements dans les filières.

 

DES POLITIQUES DE MARGE DIFFÉRENTES

 

Selon les politiques de marge qu’elles pratiquaient jusqu’à maintenant, certaines marques de chocolat vont pouvoir mieux absorber les surcoûts que d’autres. Les marques avec un positionnement haut de gamme fonctionnent généralement avec une marge brute élevée et sont plus en mesure de limiter les hausses quand elles surviennent.

Lorsque Kaoka a été créé, son fondateur André Deberdt avait la volonté de rendre son chocolat accessible au plus grand nombre. Par conséquent, nous avons toujours fonctionné avec des marges limitées. Nous sommes donc plus sensibles aux augmentations du coût des matières premières.

Les marques multi-produits, c’est-à-dire les marques qui proposent des produits de différentes catégories (chocolats, thés, biscuits, laits végétaux, yaourts, etc), peuvent choisir de compenser cette hausse en la répartissant sur les produits qui bénéficient de marge plus confortable. La hausse portée par divers produits est diluée aux yeux du consommateur et la marque maintient son pourcentage de marge.

Les marques spécialisées ne peuvent pas pratiquer ce mécanisme et sont plus exposées en cas d’augmentation du prix de leur matière première principale.

 

Ces différents mécanismes ne reflètent pas la réalité économique du marché et créent des distorsions dans la perception des consommateurs.

 


 

Pourquoi les chocolats Kaoka vont-ils augmenter ?

 

Chez Kaoka, nous ne fonctionnons pas comme la plupart des acteurs du chocolat. Nous sommes reliés aux organisations de producteurs par des engagements très forts. Chez Kaoka, nous achetons en continu sur l’année le cacao de nos coopératives partenaires. Quand un de nos producteurs partenaires arrive avec son cacao frais, nous lui achetons à 100% et peu importe le niveau du cours. Cela a pour conséquence que nous sommes directement impactés par les hausses boursières.

C’est la vision que nous défendons du commerce équitable et nous assumons les circonstances. Parce que nos engagements sont constants et que nous fonctionnons avec une marge raisonnable, nous sommes contraints de répercuter les hausses du cours du cacao et d’augmenter les prix de nos chocolats.

L’augmentation de nos prix est la preuve que nos partenaires producteurs bénéficient bien de cette situation exceptionnelle et que leur cacao est acheté au meilleur prix.

 

Pour conclure, cette augmentation des prix du chocolat va être variable d’une marque à une autre en fonction des stocks existants, des niveaux de couverture, des engagements auprès des coopératives de producteurs et des politiques de marge pratiquées.

Il serait pertinent de s’interroger sur les réelles pratiques des acteurs qui n’augmentent pas ou peu le prix de leur chocolat : à méditer…

 


 

A quelles pratiques peut-on s’attendre pour faire baisser le prix du chocolat ?

 

Pour faire face à cette augmentation exceptionnelle du coût de matière première et éviter que le prix affiché ne paraisse trop élevé, il est possible de voir émerger certaines pratiques.

 

LE « SHRINKFLATION »

Cette pratique a déjà été épinglée par les associations de consommateurs pour son manque de transparence : le « shrinkflation »; qui consiste à baisser discrètement le grammage des produits sans réduire le prix voire en l’augmentant légèrement.

Une tablette de chocolat pèse traditionnellement 100g. Pour abaisser le coût de la tablette, de nombreuses marques n’hésitent pas à abaisser le poids du produit à 80g par exemple. C’est pour cette raison que nous invitons les consommateurs à toujours comparer le prix au kilo pour les aider à faire leur choix dans le rayon.

 

REMPLACER LE BEURRE DE CACAO

Une autre pratique consisterait à remplacer une partie du beurre de cacao devenu particulièrement onéreux par une autre matière grasse végétale moins coûteuse (karité, palme, etc). Selon la réglementation, les matières grasses végétales autorisées dans la fabrication du chocolat sont : illipé, huile de palme, sal, karité, kogum gurgi et noyaux de mangue. La teneur de ces matières grasses végétales (MGV) ne doit pas être supérieur à 5% du poids du chocolat.

 

BAISSER LA TENEUR EN CACAO ET AUGMENTER LA TENEUR EN SUCRE

Un autre procédé reposerait sur la baisse du pourcentage de cacao dans les chocolats. Cela reviendrait à augmenter la teneur en sucre et donc à diminuer la qualité nutritionnelle des produits.

À noter Le chocolat au lait contient naturellement moins de cacao mais son prix est souvent plus élevé que celui du chocolat noir car les taux de TVA appliqués sont différents. Le chocolat au lait est taxé à 20% alors que le chocolat noir est taxé à 5%.

 

Chez Kaoka, nous continuons de garantir la meilleure qualité pour nos chocolats avec un goût authentique grâce à un cacao tracé, zéro déforestation qui rémunère correctement les producteurs.

 


 

Un monde agricole à soutenir pour pérenniser le chocolat dans nos vies

Cette flambée sans précédent des prix du cacao devrait être un signal d’alerte face aux conséquences du dérèglement climatique. Elle nous rappelle que notre alimentation dépend des conditions météorologiques et que notre économie est basée sur des éléments physiques. Dans un contexte de bouleversement des évènements climatiques, les pénuries pourraient se répéter et s’intensifier. Ces pénuries entraînent de fortes hausses des prix, rendant certaines denrées inaccessibles aux populations économiquement vulnérables.

La fin de la suprématie du cacao ivoirien ?

 

Comme dans de nombreux pays producteurs, la culture du cacao en Côte d’Ivoire s’est construite sur front de déforestation. Depuis les années 70, face à la demande croissante de chocolat émergeant des pays occidentaux, ce phénomène s’est intensifié. Or, aujourd’hui, la réserve forestière ivoirienne touche à sa fin. La déforestation, la culture intensive en monoculture et sans ombrage et l’utilisation excessive de pesticides et d’engrais ont pour héritage des terres dégradées, des plantations vieillissantes et affaiblies par des maladies. Ce constat pourrait laisser présager une stabilisation de l’offre ivoirienne puis un déclin.

Cependant, il est important de noter que certains acteurs privés du secteur du chocolat se sont emparés de ce sujet et mènent depuis plusieurs années des initiatives pour créer des filières ivoiriennes plus durables. Ce soutien est primordial pour faire face aux défis rencontrés et assurer la pérennisation de la production du cacao.

Aussi, la diversification des origines semble plus favorable pour une meilleure stabilisation du marché. En effet, la concentration de la production d’une matière première sur une même zone géographique révèle clairement ses limites dans des conditions climatiques défavorables. Ce contexte laisse une opportunité aux autres pays producteurs de répondre aux demandes du marché. Dans quelles conditions se fera la réponse de l’offre ? Espérons que cela se réalise dans des conditions respectueuses de l’environnement et de l’humain.

 


Face au dérèglement climatique, Kaoka apporte des solutions concrètes aux organisations de producteurs

 

UNE COLLECTION DE CACAOS POUR FAIRE FACE AU DÉFI CLIMATIQUE

 

Les travaux de rénovation des plantations entrepris par Kaoka depuis de nombreuses années sont basées sur la sélection variétale de cacaoyers. Présente sur le terrain, l’équipe Kaoka est témoin des changements dus au dérèglement climatique et des impacts sur la culture du cacao. Nous prenons ce sujet au sérieux car il peut impacter la pérennité de la filière cacao.

Avec la contribution de nos partenaires producteurs, nous avons constitué une collection d’une centaine de cacaos « élites ». Les cacaoyers ont été sélectionnés pour leurs caractéristiques : leur capacité productive, leur résistance aux maladies et leur potentiel aromatique. Chacun de ces cacaoyers est adapté à une ou plusieurs zones de production spécifiques de nos filières.

Ces dernières années, nous avons rajouté de nouveaux critères pour nous adapter aux problématiques de certains bassins de production. Nous nous intéressons aux cacaoyers qui résistent le mieux aux épisodes de sécheresse. Comme expliqué précédemment, de nombreux terroirs sont désormais soumis à de fortes chaleurs provoquant des sécheresses, défavorables au développement du cacaoyer et provoquant des baisses de rendement.

Face aux fortes pluies rencontrées, une plus grande résistance aux maladies fongiques est également un critère primordial.

 

LUTTER CONTRE LA DÉFORESTATION POUR RALENTIR LES EFFETS DU DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE

 

Nous ne le répéterons jamais assez : les conséquences de la déforestation ont des graves répercussions sur notre environnement. Les pertes importantes de forêt sont un accélérateur du changement climatique.

Il est primordial de stopper ce phénomène et d’accompagner sérieusement les producteurs dans la sédentarisation des cultures. Cela nécessite de cesser l’extension vers des zones forestières en capitalisant sur les terres déjà exploitées. Chez Kaoka, nous apportons un soutien aux producteurs pour améliorer la fertilité des sols et ainsi pouvoir continuer à les cultiver. Nous mettons en place auprès de nos partenaires producteurs des formations à des pratiques agronomiques comme la taille et le greffage, qui sont des outils précieux pour augmenter la production sur une même parcelle. Nous encourageons les organisations de producteurs à diversifier les cultures pour améliorer la résilience de leurs systèmes agricoles et par conséquent, leurs revenus.

Cette transmission de savoir-faire et l’implication des communautés sont indispensables pour assurer le succès de cette révolution agricole.

Pour compléter cette approche et garantir que notre cacao n’est pas responsable de déforestation, nous avons mis en place un référentiel exigeant co-construit avec les organisations de producteurs ainsi que des outils de suivi des évolutions paysagères dans nos filières.

 

 


Produit plaisir, le chocolat n’est pas considéré comme une denrée indispensable (même si la question mérite d’être ouverte au débat…) et pourtant il est omniprésent dans notre quotidien (biscuits, céréales, pains au chocolat, yaourt, etc). Sans vraiment que nous le réalisions, le chocolat est devenu profondément ancré dans la culture occidentale et associé à de nombreuses traditions et fêtes (Pâques, Noël, Saint-Valentin). Par exemple, en France, nous consommons en moyenne plus de 13 kg par an et par foyer.

Cette crise pourrait être l’occasion de mettre en lumière cette précieuse matière première ainsi que celles et ceux qui la cultivent loin des pays les plus consommateurs. Les planteurs, cultivateurs, paysans et producteurs sont en première ligne face aux effets du dérèglement climatique. Il est indispensable de les soutenir chacun à notre échelle (exportateur, transformateur, grossiste, distributeur, consommateur).

 

 


Sources

La Story | Pourquoi le cacao flambe – 28 mars 2024

Forestero | Revue hebdomadaire

CIRAD – https://barco.cirad.fr/projet/swollen-shoot

Le Monde | En Côte d’Ivoire, la hausse des cours du cacao ne profite pas aux planteurs – 12 septembre 2023

Le Monde | Cacao en Côte d’Ivoire : face à la flambée des cours, les autorités font un geste en direction des planteurs – 03 avril 2024

World Weather Attribution | Extreme Sahel heatwave that hit highly vulnerable population at the end of Ramadan would not have occurred without climate change – 18 avril 2024

IFPRI | Global cocoa market sees steep price rise amid supply shortfall – 1 avril 2024


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